Carte Blanche
Comme ça, d’après la mairesse de Saguenay Julie Dufour, si les infrastructures de Saguenay tombent en ruine, c’est à cause de tous les élus avant elle depuis 25 ans. Les administrations de Jean Tremblay, de Josée Néron, leurs conseillers, leur personnel politique, leurs directions générales, si on en croit Mme Dufour, étaient tous dans le champ. Manque de vision et de planification selon elle.
Viendra pourtant bien un moment où elle ne pourra plus rejeter tout le blâme sur les administrations précédentes. Lors de la soirée de sa victoire électorale, tout le monde était beau, tout le monde était gentil, tout le monde s’entendait bien. Or les célébrations furent bien éphémères. Julie Dufour a eu son année de grâce, mais elle ne peut plus désormais mettre tous les maux du monde sur le dos du passé.
Actuellement c’est elle qui dirige, c’est elle qui doit assumer son leadership et qui doit surtout assumer ses décisions, ou plutôt dans son cas ses non-décisions. Bref, c’est elle qui «est au bâton», bien qu’elle semble avoir été plus à l’aise dans son rôle de gérante d’estrade. Qu’elle le veuille ou non, c’est elle qui tient maintenant le gouvernail, même si on a l’impression qu’elle navigue le plus souvent vent de face ou qu’elle soit carrément à la dérive. Ah oui, j’oubliais, un bon leader, même après des discussions corsées avec ses collègues, doit assurer l’unité. On repassera.
Julie Dufour explique qu’elle agit, mais que ses actions ne paraissent pas. Elle a prétendu la semaine dernière qu’il était moins sexy (politiquement moins attrayant pour employer ses termes) de rénover le sous-sol que de couper un ruban. Ce qu’elle a peut-être oublié, c’est qu’avant de couper un ruban, il faut effectuer en amont une planification sérieuse et concertée, souvent longue.
Par exemple, pour le futur aréna, il est grand temps de se mettre au travail. Ça va demander une énorme somme de travail dans l’ombre, en coulisses, avec tous les intervenants concernés, pas seulement les conseillers, mais les acteurs de la société civile.
Or la stratégie de la mairesse Dufour depuis quelque temps est de jeter de la poudre aux yeux en sortant de nulle part, comme une magicienne, des lapins de son chapeau. Des annonces sans substance. C’est sans doute aussi pour faire oublier ses déboires. Sa dernière trouvaille? Sortir un chiffre qui fait image: un milliard de dollars. Wow, un milliard, c’est gros! Ça fait big. Avec ça on fait tout, du Centre Georges-Vézina à la Zone portuaire, en passant par l’aménagement des nouveaux appartements au centre-ville de Chicoutimi.
Sauf que, tout comme son projet de 100 millions pour le nouveau Centre Georges-Vézina, rien n’est attaché. Elle prend la drôle d’habitude de lancer des projets sans l’appui de son conseil, et ses promesses ne s’appuient sur aucun montage financier sérieux. Ce ne sont que des paroles, des vœux pieux, du vent.
Vous savez comment on appelle ça en politique? Un ballon. On l’envoie en l’air, puis on attend les réactions, au gré du vent, pour voir comment l’idée sera reçue.
En demandant au conseil municipal de donner sa bénédiction au fameux 1 milliard à investir sur 7 ans, elle présume ainsi qu’elle sera reportée au pouvoir lors de l’élection de 2025, puis lors de celle de 2029. Sinon, n’importe quel autre maire (ou mairesse) pourra faire marche arrière et abroger la mesure, puisque celui-ci (ou celle-ci) pourra en toute légitimité décider autrement des montants investis par la ville.
Or il y a loin de la coupe aux lèvres, car rien n’indique que Mme Dufour sera là tout ce temps.