Chroniques

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Attention : Contenu pessimiste

Serge Tremblay
Le 04 octobre 2023 — Modifié à 07 h 00 min le 04 octobre 2023
Par Serge Tremblay - Rédacteur en chef

Il est difficile d’être optimiste pour l’avenir ces jours-ci. Inflation qui n’en finit plus, propriétés hors de prix, hausse marquée de l’itinérance, services publics qui ne tiennent qu’à un fil, climat déréglé, la liste est longue...

Je ne sais pas de quel monde hériteront les plus jeunes générations, mais sans un coup de barre majeur, ce ne sera pas rose!

Suis-je pessimiste de croire cela? Est-ce que j’ai trop bu de Kool-Aid à saveur de cynisme au fil des ans?

Une étude de Léger publiée la semaine dernière dans le Journal de Québec à propos de la relation des jeunes face à l’inflation en dit long sur leur état d’esprit. Je repique ici quelques faits saillants :

Plus de la moitié des jeunes (la génération Z et les milléniaux) vivent d’une paie à l’autre. Plus de 80% d’entre eux sont locataires, car ils ne sont pas capables d’accéder à la propriété. Ils sont aussi 72% à estimer que le coût du logement occupe une trop grande partie de leur budget.

Ajoutons aussi que 62% des jeunes se sentent impuissants face aux problèmes de la société et ils sont aussi moins confiants quant à leur capacité de faire face aux défis de
l’époque dans laquelle nous vivons.

Tous ces indicateurs sont en hausse de plusieurs points de pourcentage par rapport à l’an dernier. La situation ainsi que la perception qu’en ont les jeunes se détériorent.

En sommes-nous arrivés à vivre dans une société où le rêve d’accéder à la propriété est mort et enterré? Où la participation au travail est, pour le plus grand nombre, avant tout une question de survie en attendant le prochain chèque? Où l’expression « classe moyenne » n’est qu’une enfilade de mots dans la bouche des politiciens, souvenir d’une époque où le travail donnait accès la dignité et non pas seulement à la survivance?

J’exagère? Peut-être un peu. Mais pour peu que je tente d’imaginer l’avenir, c’est tout de même le sentiment  qui m’habite. J’ai 42 ans, bientôt 43, alors je suis dans une position qui devrait me permettre de m’en tirer (je vais quand même croiser les doigts!).

Si j’avais 20 ou 25 ans, que je sortais de l’école avec un diplôme en main pour trouver un travail et que je me heurtais à la réalité d’aujourd’hui, je ne sais pas quelle serait ma réaction. Avec un salaire d’entrée, un appartement qui te coûte la moitié de ton revenu net, un panier d’épicerie qui comprend quelques boîtes de Mac&Cheese pour sauver quelques dollars et à peu près rien n’en poche pour économiser une éventuelle mise de fonds sur une propriété d’entrée de gamme hors de prix, mon niveau de confiance en l’avenir serait au plancher.

Il y a plus à la vie que l’accès à la propriété, que le confort matériel ou l’argent, bien sûr. Mais il y a aussi plus à la vie que la survivance d’une paie à l’autre dans une société dite riche et dans un système économique qui ne remplit plus ses promesses.

Suis-je pessimiste? J’espère que ce n’est que ça et que l’avenir me donnera tort. Je le souhaite pour ces jeunes qui méritent mieux que de vivre plus pauvre que la génération qui les a précédés. Ça, c’est un scandale!

La citation de Jean

« Je me sens très optimiste quant à l’avenir du pessimisme. » — Jean Rostand

 

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